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Relativité territoriale

Vous avez beau vivre dans une région appréciée, si vous êtes dans le territoire le moins bien de la région, ça ne va pas aller. En géographie, on passe notre temps à se comparer aux voisins, pour le meilleur et pour le pire. Dans ce domaine, je ne crois pas qu’il y ait des règles définitives. Tout est encore une fois une question de contexte.

Lorsqu’on compare des villes, c’est carrément la taille qui compte (et tous les services et activités qui iraient avec). En France, au-delà de Paris, ce sont les grandes métropoles comme Lyon, Bordeaux ou Nantes qui attirent tous les regards et qui donnent envie. Mais une fois qu’on a la chance de vivre à Bordeaux (ou Nantes, ou Lyon…), on continue de se comparer localement.

Complémentarité territoriale

Pourquoi vivre à Bordeaux quand on peut vivre à Arcachon ? Voilà une ville de dimension modeste qui profite à fond de sa proximité avec la métropole gironde. Vous n’avez pas tous les services de Bordeaux mais vous vous en foutez car vous êtes sur le bassin d’Arcachon. Il n’y a aucune ambiguïté sur la promesse territoriale d’Arcachon : se la couler douce, au bord de l’eau, et se faire un petit opéra ou un bon restaurant à Bordeaux quelques fois par an. La complémentarité entre ces deux villes est parfaite.

Dans la complémentarité, il y a deux gagnants (si c’est une complémentarité intéressante). On va chercher à côté ce qu’on a pas (et on assume).

Concurrence territoriale

Pourquoi vivre à Angoulême, Périgueux ou Bergerac lorsque l’on peut vivre à Bordeaux ? Pourquoi vivre dans des villes de taille raisonnable mais qui offre une animation très limitée alors que tout le monde s’éclate dans la métropole girondine ? Pour des villes qui sont censées promettre à peu près les mêmes choses qu’une grande agglomération, la comparaison fait mal et c’est la déprime (vie étudiante moins crédible, animation moins crédible, shopping moins crédible). Le cas d’Angoulême pourrait évoluer car la ville se rapproche de Bordeaux (30 minutes en train) et la complémentarité avec Bordeaux pourrait apparaître.

Dans la comparaison, il y a un gagnant et un perdant. Le perdant essaie de faire croire qu’il est presque aussi bien que le gagnant mais non…

Crédibilité

On revient toujours aux questions de crédibilité. Si une ville promet un mode de vie crédible et complémentaire à celui de la ville voisine, tout se passe bien.

Prenez Libourne, qui se construit depuis quelques années un discours de « ville animée à 25 minutes de Bordeaux ». Elle vend l’animation d’une ville patrimoniale de 30 000 habitants à deux pas de l’agglomération et cela commence à marcher. La promesse est jute, la complémentarité avec Bordeaux intéressante (surtout lorsque le trajet en train est de 20 minutes, c’est-à-dire moins que les trajets dans l’agglomération même de Bordeaux). Elle ne vend pas de vie étudiante, d’animation commerciale. Elle vend surtout le fait de pouvoir aller au marché à pied et à Bordeaux en train (en faisant de grosses économies lorsqu’on achète une maison).

Maintenant, prenez Rochefort. La ville ne rivalisera jamais avec la coolitude de La Rochelle (à seulement de 25 minutes). Rochefort aura beau être bien plus stimulante que plein de ville, elle sera, pendant longtemps, pas crédible à côté de La Rochelle et ça va lui faire du tort.

Au contraire, Colmar profite de la proximité de Strabourg (complémentarité positive) et de celle de Mulhouse (concurrence à la faveur de Colmar). Colmar est plus petit que Strasbourg (« plus vivable pour beaucoup ») et on n’y fait pas les mêmes choses (ville patrimoniale, touristique), donc c’est bien. Le simple mot « Mulhouse » effraie la majorité de la population française et Colmar en profite (« mieux vaut habiter à Colmar qu’à Mulhouse »).

Catégories et échelle

Ces comparaisons se jouent à des échelles très différentes et selon des thématiques. Prenez Poitiers (unité urbaine de 130 000 habitants), une des villes les plus étudiantes de France (en proportion). Ses étudiants passent leur temps à critiquer la vie étudiante de Poitiers car ils pourraient être aussi sur les campus de Angers, Nantes, Bordeaux ou encore Tours (les grandes villes étudiantes assez proches en temps). Et si toutes ces villes ne font pas vraiment partie du même système urbain, la comparaison est tenace, au point que les étudiants de Poitiers ne jouent pas le jeu de la vie locale. Ils attendent juste une chose : se barrer ailleurs pour s’amuser. Au point que cela crée des cercles vicieux : la vie étudiante à Poitiers est moins bien qu’à Angers, Bordeaux, Tours, etc > on sort pas à Poitiers et on attend de changer de ville pour s’amuser > du coup la vie étudiante à Poitiers est vraiment moins bien qu’à Angers, Bordeaux Tours, etc > ça sert vraiment à rien de sortir à Poitiers,etc, etc.

Tout cela m’amène à penser qu’il faut toujours être vigilant à la promesse territoriale et aux complémentarités locales. On ne vit pas dans une ville, on vit dans un système de villes, avec des jeux de complémentarités à travailler.

Et puis comme tout est en mouvement…

Et bien toutes ces comparaisons et complémentarités entre villes évoluent tout le temps.


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